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Tout petit, le jeudi, sa sœur le garde à l’atelier de couture au milieu des robes façon Dior années 50 et des chapeaux hirondelles qu’il jette par la fenêtre du 4ème étage, persuadé qu’ils vont s’envoler.

Le lundi de Pâques 1956, on l’emmène voir Cendrillon de Walt Disney. Une révélation.

N’ayant décidément pas la fibre sportive, on le met à la chorale des « Gais Pinsons » à Bordeaux. Il chantera pour le centenaire des apparitions de Lourdes.

Rien d’étonnant donc quand, quelques années plus tard, à la recherche de Van Gogh, il rencontre Savary, son Grand Magic Circus, ses Grands Sentiments et son Cabaret, Alain Marcel et ses Pédalos, Christiane Legrand et sa voix en clé de sol et surprise du chemin, Maurice Béjart qui le cloue sur son tapis de danse… Régine et son Boa, Katarina Talbach et son Macbeth haute définition… Nicolas Briançon, ses Songes et Cabarets canailles à dévorer à belles dents.

L'INTERVIEW DE MICHEL

Ou habites tu ?

j’ habite officiellement à Paris,  La Goutte d’Or.

et j’habite pas mal à l’hôtel, partout.

 

Ta couleur favorite?

Le bleu, dans toute sa palette, outremer, ceruleumn, nattier, bleu dans les yeux des berbères.

 

Ton âge?

72, ça fait drôle de l’écrire sur le papier, tout ça passe comme 5 minutes.

 

Ton pays/Région/Ville préférée?

Impossible d’en choisir un, on dira France, Espagne, Maroc.

pour la région, le Sud ouest.

La ville, Paris, mais Bordeaux est magnifique, Tanger est irrésistible, Tokyo donne l’adrénaline, sans oublier le, vieux Friedhof (cimetière) de Dresde, derrière la gare, ou la chapelle Ste Germaine dans le Gers.

 

Tes passions?

Les garçons, le corps des garçons quand il est bien dessiné.

J’adore scanner les garçons dans la rue, deviner la courbe des muscles rien qu’à partir d’un poignet bien nerveux… sans être un gros pervers j’espère.

 

 

Ou et avec qui a tu grandi?

A bordeaux quartier Loucheur, avec ma poupée Bella.

J’étais retardataire, mes sœurs avaient laissé leurs affaires.

J’aimais bien faire à Bella des petits seins en pâte à modeler.

 

Quelles étaient tes inspirations?

vers 14 ans, j’ai vu Françoise Hardy chanter à la soirée d’élection de De Gaulle, dans son imperméable.

je me suis dit » c’est elle », ça m’a jamais quitté.

Vie professionnelle

Ton premier travail?

Ma belle sœur Claudine m’a trouvé un job d’été dans une guérite d’entrée de chantier à Caudéran banlieue Bordeaux.

La radio passait Voilà » de Françoise Hardy, c’était cool.

 

Tu es venu à la capitale, pourquoi Paris?

Pour rejoindre la troupe de Jérôme Savary, « Le Grand Magic Circus »

 

 

Tes premiers pas au Théâtre/Cabaret?

A l’école primaire, « l’Ane de Mathurin ».

Aussi le tutu en papier crépon bleu pâle pour la fête de fin d’année( faudra pas s’étonner après…)

Et la 1ère approche à l’amphi Pasteur à Bordeaux . une copine de cours m’avait dit « tu fais toujours le clown, tu devrais aller là, on donne des cours d’art dramatique »

J’y vais, puis,

1ère semaine, je m’assieds  en haut du gradin…rien

2ème semaine…rien

3ème semaine, à la fin du cours, je me décide, je descends

« je voudrais dire un poème »

-Ah mais vous êtes Français ? on pensait que vous étiez Anglais, on osait pas vous parler

Il faut dire que c’était le moment des Beatles, j’avais une redingote ajustée, un petit bouc, un parapluie en permanence, genre manche à balai dans le cul

J’ai donc débité « el Desdichado », le poème de José Maria de Heredia

« je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé, le Prince d’Aquitaine….. » avec mon parapluie soudé aux mains.

 

 

Des rencontres marquantes?

Jérôme Savary :

« Chouchou », disait il à sa compagne Mona. Fais gaffe à Dudu, c’est un faux pédé »

Maurice Béjart :

Il s’assied par terre, il te regarde, tu es transpercé, nu, impossible de Tricher

Patrick Grandperret :

Il m’a filmé, il m’a appris quelques rudiments de technique pour la photo, il m’a fait découvrir la pellicule TriX, du coup j’en ai glissé une dans son cercueil

Christiane Legrand :

Voix en clé de sol, dans un nuage d’Après l’ondée de Guerlain, du coup là aussi j’ai bien aspergé son cercueil quand elle est partie.

Et en photo :

-Patrick Swirc

-Xavier lambours

-Peter Lindbergh

 

Le meilleur souvenir?

Le rôle du MC dans « Cabaret » au théâtre Mogador et en tournée, Espagne, Italie, Allemagne, dans la langue du pays.

« Essayez donc nos pédalos » d’Alain Marcel, 1er spectacle sur l’homosexualité, aves Jean Paul Muel.

« 1789 et nous », maurice Béjart, pour le bi centenaire de la Révolution.

Et… 1er rôle au Grand Magic Circus où on joue à la Villa Médicis à Rome. Je fais le Vieux Robinson dans « Robinson Crusoé » avec une perruque en coton talqué, je chante en ouverture de spectacle Arrivederci Roma » sur la piste centrale, comme dans un cirque, et là, à 4 mètres face à moi viennent s’asseoir Fellini, Giulietta Massina et Sofia Loren !!

Pour un baptême, c’était réussi.

 

Ton rapport avec la photographie?

C’est comme tenir un journal, les photos sont comme des textes de ce qui s’est passé dans la journée.

Et puis aussi être là sans y être, un peu comme un masque.

Mon professeur de dessin, Jean Roquelaure, disait :

« Dussarrat ? toujours là, surtout ailleurs »

 

Quel matériel, boîtier, pellicule utilise-tu?

J’ai commencé avec un Yashica.

Et puis un Rollei flex 2.8 acheté à Hamburg.

Mon ami Didier Gaillard m’a prêté son Nikon pour pratiquer le plein format.

Après, un Leica M4P, à Hamburg aussi, avec un 35mm et un 90mm.

Puis un Leica M6, à Genève.

Le dernier en date, DLux numérique après avoir longtemps utilisé un Cybershot Sony pris à Tokyo.

J’ai compléte avec un objectif leica 50 mm, un Jupiter 50mm, et bien sur un ou deux Polaroid.

 

 

les pellicules?

Tri X kodak essentiellement.

Dernièrement, la Illford 3200.

Pour la couleur, la Fuji 800, couleurs bien saturées, ne se fait plus.

Les photos sont presque exclusivement au 35, en format paysage, et le 6x6 bien sur pour le Rollei.

J’ai pris ces appareils, surement par goût du luxe, je n’étais pas particulièrement argenté, mais je pensais que, n’ayant aucune technique, aucune formation, ça ne pourrait que me tirer vers le haut.

 

Ta photo favorite?

Pour paraphraser Picasso, « la prochaine »

 

Tes inspirations?

-Walker Evans

-Koudelka

-Probablement mon père, avec qui je ne m’entendais pas du tout, et qui a fait une magnifique série d’images dans le Béarnannées 30/40/50, et que je voyais toujours avec son soufflet Kodak.

 

Comment archives tu ?

En bordel, j’essaie de m’améliorer, classeurs, pochettes sans acide.

Bonne quantité de tirages 30x40 barytés, tirages Picto & Publimod.

 

Pourquoi prendre les chambres d’hôtel en photo?

Mono manie, partout, en tournée, Thionville Tokyo Copenhague Wien, New York etc…

La chambre d’hôtel, c’est un « No man’s land », c’est le « rien » un instant de passage entre les représentations, je prends la photo le matin, le lit défait, le plateau du petit déjeuner, la vue de la fenêtre.

 

L’évolution de ta technique?

Ma technique, c’es mon œil.

Bien sur à la longue, on finit par acquérir quelque connaissance.

Vanité de vouloir attraper le moment, « Catch the soul » capturer l’âme, faire l’amour avec le sujet, surtout pour les portraits.

Interview de Michel Dussarrat, le 16 juillet 2020.

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